
PFAS : la nouvelle pollution qui menace vos réseaux d’eau
PFAS : une menace invisible et persistante pour les réseaux d’eau :
Imaginez une pollution presque impossible à détecter, capable de résister aux traitements les plus poussés, de se glisser silencieusement dans les nappes phréatiques et de persister pendant des décennies. Ce n’est pas un scénario de science-fiction, mais bien la réalité des PFAS – les substances per- et polyfluoroalkylées. C’est aujourd’hui l’une des menaces les plus sérieuses qui pèsent sur la qualité de l’eau, notamment dans les secteurs industriels et les collectivités.
Qu’il s’agisse d’eau potable, d’eaux usées ou de réseaux de process, les PFAS imposent un nouveau paradigme : celui d’une pollution émergente, durable, et particulièrement difficile à traiter. Si vous êtes gestionnaire de réseaux hydrauliques, exploitant industriel, responsable ICPE ou élu local, vous êtes en première ligne. Ce guide vous propose une plongée complète dans le monde (pas très joyeux) des PFAS : pour comprendre, anticiper et surtout réagir efficacement.
Partie 1 – Que sont les PFAS et pourquoi sont-ils si préoccupants ?
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Définition et origine des PFAS
Les PFAS, ou substances per- et polyfluoroalkylées, regroupent une famille de plus de 4 700 composés chimiques synthétiques. Leur promesse, à l’origine ? Des propriétés physico-chimiques exceptionnelles : résistance à l’eau, aux huiles, aux solvants, aux températures extrêmes… Dès les années 1940, ils investissent nos industries : des emballages alimentaires aux textiles techniques, des mousses anti-incendie à l’électronique de pointe.
Si leur utilité n’est plus à démontrer, leur toxicité potentielle commence à faire grand bruit. L’un des problèmes majeurs : les PFAS ne se dégradent pas naturellement dans l’environnement. C’est pourquoi on les appelle « polluants éternels ». Une fois relâchés dans la nature, ils y restent pendant des dizaines, voire des centaines d’années.
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Biodégradabilité, mobilité et accumulation
L’état réel de l’eau utilisée ou rejetée par une entreprise est déterminé par des prélèvements analysés en laboratoire. Ces analyses sont indispensables pour qualifier :
- L'eau potable (contrôle du chlore, des métaux lourds, de la turbidité)
- L'eau de process (mesure de la conductivité, de la dureté, de l’alcalinité, et recherche de biofilms)
- Les eaux résiduaires industrielles (analyse de la DCO, DBO5, hydrocarbures, HAP, solvants, substances dangereuses pour l’environnement…)
- Les risques microbiens, notamment la présence de légionella pneumophila.
Ces résultats permettent de déterminer précisément les traitements nécessaires, en adéquation avec les typologies d’eaux utilisées et les seuils réglementaires en vigueur (Directive Cadre Européenne sur l’Eau, ICPE, ARS…).
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Impacts sanitaires et environnementaux
Les effets des PFAS sur la santé humaine sont largement étudiés depuis les années 2000. De nombreuses substances sont classées comme « potentiellement cancérigènes », et beaucoup sont suspectées d’altérer le système hormonal, de diminuer la réponse immunitaire, de provoquer des troubles de la fertilité, ou encore d’augmenter les risques de maladies chroniques comme l’hypercholestérolémie ou l’hypertension.
Les écosystèmes ne sont pas épargnés : les PFAS perturbent la reproduction des espèces, fragilisent les populations aquatiques et contaminent durablement les sols. Le recyclage de l’eau, pourtant crucial pour une gestion durable des ressources, devient un vecteur de dissémination s’il n’est pas maîtrisé.
Partie 2 – Les réseaux d’eau en première ligne face à la contamination aux PFAS :
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Sources de contamination des réseaux d’eau
Les PFAS accèdent aux réseaux d’eau de multiples façons, souvent très diffuses :
- Par rejets industriels : galvanoplastie, électronique, traitement de surface, industrie chimique…
- Par les boues d’épuration contaminées épandues sur les sols agricoles
- Par le ruissellement des zones aéroportuaires, militaires ou de sites où des mousses AFFF ont été utilisées (anti-incendie)
- Par infiltration des nappes phréatiques ou des cours d’eau
- Par réutilisation des eaux usées traitées mais non filtrées des PFAS
L’un des grands défis réside dans cette diversité des origines et la difficulté à tracer précisément ces polluants. Une simple connexion au mauvais réseau ou un traitement insuffisant peut transformer un réseau sain en point chaud de pollution.
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Réglementations en évolution : Europe et France
Les autorités commencent à agir. La Directive européenne sur l’eau potable (2020/2184) impose dès 2026 :
- Un seuil à ne pas dépasser de 0,1 µg/L pour un sous-groupe de 20 PFAS prioritaires
- Un seuil de 0,5 µg/L pour la somme de l’ensemble des PFAS détectés
En France, le plan national d’action PFAS 2023 fixe une feuille de route ambitieuse : cartographier les eaux, renforcer les contrôles, accompagner les acteurs vers la conformité. Pour les ICPE, plusieurs arrêtés ministériels évoluent déjà pour inclure des limites sur les rejets aqueux. La DREAL ou les ARS seront bientôt plus exigeantes en matière d’autosurveillance.
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Cas concrets et retours d’expérience
Le site industriel de Pierre-Bénite (69) a été un révélateur : des PFAS ont été retrouvés dans la Saône, les sols environnants, les légumes cultivés et même dans l’urine des riverains. Cette affaire a accéléré la prise de conscience collective.
D’autres collectivités, comme dans le Bas-Rhin et dans le Finistère, ont également lancé des campagnes de mesures. Résultats : plusieurs réseaux dépassent déjà les seuils à venir, obligeant à engager en urgence des démarches correctives. Côté entreprises, certaines ont été contraintes de revoir en profondeur leurs rejets liquides sous peine de sanctions administratives.
La transparence n’est plus une option : elle devient une priorité réglementaire.
Partie 3 – Protéger ses installations contre les PFAS : mode d’emploi
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Évaluer la contamination : l’analyse PFAS
La première étape ? Analyser. Il est impératif de connaître le niveau de contamination exact, ainsi que le type de PFAS présents. Pour cela, plusieurs outils existent :
- Analyse chromatographique en laboratoire (LC-MS/MS), ultra-précise, mais coûteuse
- Tests de screening, parfois suffisants pour un premier diagnostic
- Audit réseau : cartographie des points de prélèvement, étude des usages, traçabilité des flux
Important : les PFAS sont nombreux et variés. Une analyse “standard” peut ne rechercher que quelques substances. Il est donc essentiel de personnaliser les analyses selon vos activités, votre secteur géographique et les seuils réglementaires applicables.
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Assistance à la production documentaire technique
Une des forces de nos consultants réside dans sa capacité à prendre en charge les tâches administratives complexes, notamment la rédaction :
- Des rapports de conformité légale
- Des fiches d’incident et bilans de performance
- Des plans de gestion des pollutions accidentelles
- Des courriers justificatifs à destination des autorités.
Cela permet aux équipes internes de se concentrer sur le cœur de métier tout en assurant une réponse rapide et pertinente lors des procédures de contrôle.
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Techniques de traitement des PFAS : que choisir ?
Voici les principales techniques de traitement éprouvées, en fonction du type d’eau :
- Le charbon actif granulaire (GAC) : simple à mettre en œuvre, solution éprouvée pour les PFAS à longues chaînes. Il nécessite des remplacements réguliers et une bonne gestion des résidus.
- Les résines échangeuses d’ions : plus performantes sur certaines molécules à chaînes courtes, souvent utilisées en complément du GAC.
- La nanofiltration ou l’osmose inverse : très efficaces (jusqu’à 99 % de rétention) mais coûteuses. Elles génèrent aussi un concentrat de PFAS qu’il faut gérer.
- Technologies émergentes : plasma à froid, électro-oxydation, photo-Fenton… Ces méthodes promettent une destruction complète des PFAS, mais elles sont encore au stade pilote ou industriel restreint.
Choisir la bonne méthode dépendra du taux de contamination, du débit à traiter, du type d’eau (eau potable ou industrielle) et du budget alloué.
Conclusion - Se préparer plutôt que subir : la qualité de l’eau en jeu
Les PFAS ne sont pas qu’un sujet d’actualité environnementale : ce sont des polluants structurels qui remettent en question nos modèles de gestion de l’eau. Anticiper leur détection, leur traitement et leur maîtrise n’est plus un luxe, c’est un impératif stratégique.
Pour les entreprises comme pour les collectivités, cela signifie :
- Réaliser un diagnostic précoce des réseaux
- Mettre en place un plan d’analyse régulier
- Adapter ou renforcer les technologies de traitement existantes
- Se tenir informé des évolutions réglementaires
- Et surtout, s’entourer d’experts pour naviguer dans cette complexité
Envie de discuter avec un expert du traitement de l’eau et de la gestion des PFAS ? Contactez-nous chez Hydroscope, nous analysons, accompagnons et sécurisons vos installations de A à Z. Parce que l’eau ne se traite pas à la légère… surtout face à cette nouvelle pollution qu'on nomme PFAS.
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Article rédigé par LV